Je pense à toi souvent. C'est toujours une sorte d'élan très vif, très intense, mais très bref. J'ai envie de te voir, de te parler. Je me dis : « Je vais lui écrire. » Ou : « Je vais lui téléphoner. » La journée passe. Je ne t'ai ni écrit ni téléphoné. L'image qui me vient est celle-ci : s'est glissée entre nous une sorte de vitre très grande, immense, à la fois transparente et très épaisse. C'est ainsi : je suis sur le quai d'une gare et le train où tu viens de monter s'en va lentement. Il y a donc entre nous, toujours, une sorte d'obstacle. Un effet retard : tu me parles, mais je me suis endormi. Je t'écris, mais tu es partie en voyage. Ce fil du temps nous tient à la fois liés et déliés. Une sorte de nostalgie qui ne parviendrait pas à se projeter dans le futur, un mot, juste un mot que ni l'un ni l'autre nous ne saurions prononcer. Un grave danger nous a menacé, un jour, et nous ne l'avons jamais su.

 

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